Au sud-est de la ville d’Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, se dresse une colline silencieuse abritant à sa base un petit bassin connu sous le nom de « Majel Essefaoui » — une merveille hydraulique dont l’architecture rappelle celle de la célèbre feskia des Aghlabides à Kairouan. Ce site constitue un témoignage profond du savoir-faire des ancêtres dans l’art de la construction et la maîtrise de l’eau.

On pense que le nom « Essefaoui » remonte à l’un des notables de la région durant l’époque husseinite. Ce majel aurait été érigé dans une zone alors presque inhabitée, avant d’être relié à un réseau de sources naturelles en provenance de la région d’El-Ansal, riche en eaux, au pied du Djebel Essahla.

Les vestiges archéologiques indiquent que le majel faisait partie d’un système hydraulique intégré, composé d’aqueducs en pierre finement construits, s’étendant sur plus de quinze kilomètres, acheminant l’eau vers d’autres localités, dont principalement Henchir El Araïs, au sud du site.

De nombreux historiens s’accordent à dire que la colline voisine du Majel Essefaoui abritait autrefois une ancienne cité appelée “Al-Madhkour”, mentionnée dans certaines sources romaines sous le nom de Madarcima, dont les ruines sont encore visibles aujourd’hui.

L’historien Hassan Hosni Abdelwahhab, dans son ouvrage « Feuillets sur la civilisation islamique africaine », indique que la ville d’Al-Madhkour apparut entre les IIIᵉ et IVᵉ siècles de notre ère et connut une prospérité remarquable, au point de devenir, à une certaine époque, la capitale de la province de Qamounia — correspondant aujourd’hui à Gammouda, rattachée à Sidi Bouzid — après la ville de Sufetula (Sbeitla).

Ce patrimoine retient particulièrement l’attention par la diversité de ses habitants — Arabes, Berbères et Romains — qui en faisaient un exemple précoce de coexistence pacifique et culturelle, caractéristique du centre de la Tunisie à travers les âges.

Ainsi, malgré son isolement géographique et le manque d’attention officielle, Majel Essefaoui demeure un témoin silencieux d’une ingéniosité architecturale et d’une civilisation millénaire où se sont mêlées origines et cultures, des temps romains jusqu’à l’époque husseinite.

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