Réinventer la manière de comprendre les addictions
Réinventer la manière de comprendre les addictions
Addictions : une maladie, pas un délit — vers une approche humaine et médicale
Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, la Dre Faten Driss, médecin spécialisée dans le traitement des addictions et du sevrage tabagique, et secrétaire générale adjointe de l’Association tunisienne de médecine des addictions, a rappelé que la dépendance est avant tout un problème de santé publique qui doit être traité comme une maladie et non comme un délit.
Briser la stigmatisation pour mieux accompagner
Elle a souligné l’importance de lever la stigmatisation dont sont victimes les personnes dépendantes, y compris au sein de leur propre entourage. Selon elle, la famille joue un rôle central dans le processus de rétablissement, à condition que son soutien repose sur l’écoute, la compréhension, l’amour et l’encouragement, plutôt que sur le jugement ou la répression.
« Une approche punitive ne fait qu’aggraver la souffrance du patient », a-t-elle expliqué. « Elle peut mener à l’isolement, voire à une consommation accrue, au lieu de favoriser la recherche d’aide. »
Un traitement exigeant, mais porteur d’espoir
Dre Driss a également insisté sur la patience et l’endurance requises dans le traitement de l’addiction, qui repose généralement sur une thérapie psychologique régulière, souvent couplée à un traitement médicamenteux. L’hospitalisation, selon elle, n’est pas systématique : dans de nombreux cas, un suivi en cabinet spécialisé est suffisant, permettant au patient de rester ancré dans son environnement social.
Elle a mis en lumière le rôle du centre de Jebel Ouest, unique en Tunisie, qui se consacre à la réinsertion sociale post-sevrage, une étape essentielle pour prévenir les rechutes et restaurer la confiance du patient.
Une maladie chronique à rechutes multiples
Concernant les différents niveaux de dépendance, la spécialiste a précisé que le terme « substances psychoactives » est désormais préféré à celui de « drogues », car il englobe l’ensemble des substances qui modifient le fonctionnement cérébral. En Tunisie, le tabac arrive en tête, suivi de l’alcool, puis des autres substances.
Elle a rappelé que le risque de rechute fait partie intégrante de la définition de l’addiction, qualifiée de maladie mentale chronique à rechutes fréquentes.
L’addiction au tabac, un combat de longue haleine
Dre Driss a enfin souligné que l’addiction au tabac figure parmi les plus longues à traiter. Toutefois, l’espoir de guérison reste élevé, même en cas de rechute. Elle a invité les proches à ne pas réagir avec dureté, pour éviter de démoraliser la personne dépendante ou de l’entraîner dans un cercle de désespoir.
« Croire en la possibilité de guérir, quel que soit le degré de dépendance, est fondamental. C’est la clé du chemin vers la guérison. »
